
Les mosquées ferment leurs portes mais l'appel à la prière continue de retentir à Gaza, rappelant aux gens de faire leurs prières chez eux et de limiter les rassemblements publics. (Photo : Mohammed Zaanoun)
Au cours de l'agitation mondiale croissante liée à la pandémie de COVID-19, les mesures d'éloignement physique deviennent essentielles, de sorte que répondre aux besoins de communication des personnes et leur fournir les informations nécessaires reste un élément clé de l'intervention humanitaire.
En outre, l'impact de la pandémie dans les zones de conflit armé pose une série de problèmes supplémentaires aux populations vulnérables qui souffrent déjà de la densité de la population, de la médiocrité des services d'eau et d'assainissement et/ou d'un accès limité à des informations exactes. C'est pourquoi il est essentiel de fournir en temps utile des informations fiables sur la pandémie et les mesures de prévention aux communautés vulnérables pour leur sauver la vie.
Diffusion d'informations exactes sur la pandémie et les mesures
Dans bon nombre de ces zones de conflit, les chefs religieux et communautaires sont très respectés au sein de leurs communautés. Leur maîtrise unique du maintien de liens sociaux et de soutien avec leurs communautés, ainsi que leur capacité à atteindre les plus vulnérables, leur ont permis d'être la voix de leurs communautés et de défendre leurs besoins. À Gaza, par exemple, les chefs communautaires et religieux ont activement soutenu la diffusion d'informations exactes sur la pandémie et les mesures préventives, tout en contribuant à réduire et à prévenir la stigmatisation. Grâce à leur pouvoir de persuasion et à leur maîtrise des textes religieux qui promeuvent les vertus du bien-être et d'un mode de vie sain dans les valeurs des gens, et parce qu'ils sont des modèles positifs, leur rôle devient encore plus important en période de crise de santé publique.
C'est la raison pour laquelle le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) continue de travailler en partenariat avec les chefs communautaires et religieux : pour assurer la connectivité des communautés locales avec l'évolution de la situation, notamment les plus vulnérables.
Dès le début de la crise du COVID-19, le CICR à Gaza a mobilisé des personnalités influentes parmi les chefs religieux et communautaires afin de lutter contre les attitudes stigmatisantes. Il leur a été demandé de mener des campagnes publiques pour sensibiliser le public à la question - par le biais de WhatsApp, de spots radio, d'interviews télévisées et de sermons du vendredi. Parallèlement, les cercles islamiques de nombreux pays musulmans ont adopté une série de mesures visant à contrôler la propagation de la pandémie, comme la fermeture des mosquées pour limiter les rassemblements publics en raison du COVID-19.
Améliorer les bonnes pratiques grâce à la distanciation sociale
Les efforts et la réponse à la pandémie des chefs religieux et communautaires de Gaza ont été impressionnants. De nouveaux moyens de communication ont été adoptés pour maintenir un lien spirituel, social et de soutien avec les communautés. Il s'agit par exemple de la diffusion virtuelle de sermons et de séances de prédication via des plateformes sociales, la radio et la télévision. En outre, outre les pratiques religieuses, ils diffusent en ligne les directives de prévention et de sécurité publiées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités sanitaires de Gaza, et promeuvent les valeurs de l'action humanitaire collective et de la solidarité communautaire.
S'appuyant sur les technologies disponibles et d'autres outils de communication engageants et interactifs, comme les plateformes de médias sociaux, le CICR a contribué avec différents acteurs d'influence à élaborer des messages culturellement appropriés sur la pandémie et à capitaliser sur les valeurs et les croyances spirituelles locales. L'utilisation de proverbes locaux et de textes religieux, par exemple, est plus susceptible de trouver un écho parmi les communautés locales et donc de les encourager à comprendre et à adopter des pratiques sûres.
La maîtrise des bonnes pratiques en cas de distanciation sociale n'est possible que si l'on maintient des liens sociaux et de soutien avec les membres vulnérables de la communauté. Pour maintenir l'esprit de solidarité mondiale et relever les défis de la pandémie, le partenariat avec les acteurs locaux et influents et le soutien aux initiatives locales sont des éléments clés de la réponse humanitaire. Par-dessus tout, les chefs religieux et communautaires sont bien placés pour soutenir les efforts locaux et mondiaux grâce à leur autorité morale et spirituelle.
A propos de l'auteur
Yousef Alyazji est membre de la Communauté de pratiqueCCHN qui a travaillé avec le CICR à Gaza depuis 2012, assumant le rôle de chef de la communication et de la prévention. Yousef dirige certains dossiers de mise en réseau afin de maintenir et de renforcer les relations avec les principaux acteurs d'influence. Il initie, gère et met en œuvre un programme cohérent de diffusion, dans le but d'améliorer l'acceptation du CICR et de promouvoir le DIH parmi eux.