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Comment les humanitaires peuvent-ils négocier avec les algorithmes ? – Entretien avec Óscar Sánchez Piñeiro

Oscar Sanchez Piñeiro, interview Sommet 2022

Óscar Sánchez Piñeiro est le représentant par intérim du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugié·e·s au Brésil. 

Il travaille dans le nord du pays, à la frontière avec le Venezuela, où il s'entretient avec les réfugié·e·s et assure la coordination avec les différentes autorités afin de négocier l'accès au pays et de plaider en faveur de l'amélioration des politiques migratoires.

Óscar a rejoint la communauté du CCHN en 2017. Il est un facilitateur des ateliers CCHN et a participé à de nombreuses conversations sur l'aide humanitaire aux réfugié·e·s.  

Bonjour et bienvenue Óscar ! Dis-nous sur quoi tu travailles actuellement.

Je travaille actuellement sur les analyses prédictives, qui sont des modèles ou des algorithmes qui nous aident à anticiper les tendances de déplacement.

Nous avons mis au point des outils prédictifs permettant de voir, sur la base de Facebook, de Twitter, de la radio et de d'autres publications en provenance du Venezuela, ce qu'il en est de la probabilité ou non que les personnes se présentent à la frontière avec le Brésil. 

L'algorithme nous aide à planifier les mesures d'urgence. Il nous permet d'augmenter ou de réduire la capacité de nos abris en conséquence.

Ton organisation utilise cette technologie pour mieux servir les personnes affectées par des crises. Y a-t-il des risques ?

Malheureusement, de nombreux pays et autorités régionales utilisent ces algorithmes pour imposer des restrictions ou des barrières aux demandeur·euse·s d'asile.

C'est très préoccupant, car ces algorithmes sont biaisés. On le sait grâce à d'autres expériences, comme le maintien de l'ordre ou la surveillance de la criminalité. 

Et le fait que les humanitaires et le droit humanitaire, y compris le droit des réfugié·e·s, ne soient pas pris en compte dans le développement de ces algorithmes rendra leur application encore plus complexe.

Pourquoi les humanitaires devraient-ils s'en préoccuper ?

Le monde évolue très rapidement dans ces domaines et si vous ne choisissez pas d'interagir avec ces modèles, vous ne serez pas en mesure de fournir la protection nécessaire aux personnes que vous essayez de servir. Nous pouvons utiliser ces technologies à bon escient.

Par exemple, nous pouvons développer des robots (bots) dotés d'une intelligence artificielle pour répondre aux questions de base des réfugié·e·s lorsqu'ils ou elles traversent des territoires dangereux, ou nous pouvons utiliser une architecture du choix pour nous assurer qu'ils sélectionnent les meilleures solutions de protection pour eux. 

Là encore, il s'agit d'améliorer la manière dont nous aidons les gens. Au lieu de leur demander de venir sur nos sites web, qui sont parfois très obsolètes ou difficiles à lire, nous devrions nous demander s'ils sont sur TikTok ou Instagram. Comment pouvons-nous interagir avec eux sur ces plateformes ? Quel type de contenu leur convient le mieux ? Comment faire passer notre message ? Et puis, je pense que le plus important, c'est de savoir comment nous écoutons les personnes que nous essayons de servir.

Il est primordial que les humanitaires comprennent et interagissent avec ces technologies.

Dans ton travail, tu négocies l'accès et l'amélioration des politiques. Comment les humanitaires peuvent-ils négocier avec les algorithmes ?

Comme pour toute négociation, nous devons être préparé·e·s. En tant qu'humanitaires, nous devons être habilité·e·s à communiquer avec les autorités qui développent ces outils. Nous devons connaître le fonctionnement des algorithmes, leurs biais et toutes leurs erreurs possibles pour négocier les mêmes choses que celles pour lesquelles nous négocions toujours, comme l'accès, l'aide humanitaire et le droit international.

Qu'aimerais-tu voir à l'avenir ?

Pour moi, la prochaine étape consiste à mettre en place un petit groupe qui élaborera des lignes directrices et des paramètres pour la protection et la collecte éthique des données. J'espère que nous pourrons le faire au sein de la communauté du CCHN.

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