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"Cela vaut le coup de faire partie de la communauté du CCHN!" - Entretien avec Brigitte Ouoba Lamemba

Brigitte, facilitatrice et membre de la communauté du CCHN, écoute les participants à l'atelier.

Brigitte Ouoba Labemba travaille au Burkina Faso en tant que Chargée du département humanitaire et cohésion sociale au sein de l’Association pour le développement des communautés villageoises (ADCV).

Brigitte a rejoint la communauté du CCHN en 2021 après avoir participé à un atelier négociation humanitaire organisé au Burkina Faso. Depuis, elle est devenue facilitatrice et a guidé d'autres humanitaires sur la façon d'utiliser la méthodologie CCHN pour préparer leurs négociations de manière plus systématique.

Elle a également participé au programme "Gestion de la pression", qui permet aux humanitaires d’apprendre des techniques utiles pour mieux résister à la pression lors de négociations à fort enjeu. Grâce au programme de mentorat du CCHN, elle a été jumelée à un autre professionnel de l’humanitaire qui l’accompagne et la soutient dans son travail; après cette expérience très positive, elle est devenue elle-même mentor.

Bonjour et bienvenue Brigitte ! Raconte-nous, comment es-tu devenue humanitaire ?

Quand j'étais petite, je voyais souvent le Programme alimentaire mondial (PAM) qui venait aider les gens au Burkina Faso. Néanmoins, quand ils venaient distribuer de l’aide, on ne savait pas exactement sur quoi ils s’étaient basés pour faire cette distribution.

J'ai grandi avec l’envie de rentrer dans l'humanitaire pour corriger ce hic très courant qui est de donner ce dont les gens n’ont pas forcément besoin et de laisser leurs vrais besoins de côté.

À partir de 2019, j'ai eu l'opportunité de travailler en tant que bénévole avec des organisations non gouvernementales telles que le PAM, INTERSOS ainsi qu’ADCV en faisant le ciblage, les enquêtes ménage et les évaluations post-distribution, surtout dans les villages et les communes de la région de l’est du pays.

C’est pendant cette période que j’ai pu faire valoir les idées et les besoins des communautés. Pour moi, c'était un devoir et une obligation de le faire. De cette façon, l'aide était adaptée à leurs besoins et distribuée de la manière la plus équitable possible.

Depuis cette expérience, j’ai été vraiment motivée à entrer dans le monde humanitaire.

Brigitte, membre de la communauté CCHN et négociatrice humanitaire, travaille avec des communautés locales au Burkina Faso.

Comment as-tu rejoint la communauté du CCHN ?

Au début, quand le Directeur de l’ADCV m’a inscrite à l’atelier sur la négociation humanitaire organisé par le CCHN, j'ai pensé : "Bon, la négociation humanitaire, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que je vais y faire ? Est-ce que je vais en tirer quelque chose ?"

Après les trois jours d’atelier, je me suis rendu compte que le contenu été vraiment très riche. Au début, je m’attendais à un atelier typique où on parle beaucoup et on te charge la tête.

L’atelier s’est plutôt centré sur l’échange d’expériences. Par exemple, j'ai eu la chance d’échanger avec des collègues humanitaires qui travaillaient dans d’autres régions comme le Mali, la République Démocratique du Congo, le Niger, mais aussi le Sénégal. Cela m’a réconfortée de savoir que je n’étais pas seule, qu'on a tous des problèmes très similaires et qu'il y a des solutions.

Pendant l’atelier, j’ai appris à utiliser la "grille de Navaisha", la méthodologie développée par le CCHN pour préparer une négociation humanitaire de manière systématique et efficace.

Après avoir appris comment l’appliquer, j'ai informé mon équipe sur comment l’utiliser. Pouvoir préparer notre négociation de façon plus organisée nous a permis d’être plus efficaces pendant la période 2021-2022, ce que les partenaires de l’association ont vraiment apprécié.

Raconte-nous une négociation où les outils du CCHN t’ont aidée.

En 2022, j'ai eu à faire à une négociation que je n'oublierai jamais.

Nous devions faire une évaluation dans une zone où nous n’avions pas travaillé auparavant.

La première négociation pour avoir accès dans cette zone a échoué. Il nous fallait d’abord une note expliquant les raisons de l’intervention, mais comme c’était notre première mission de ce genre, on n’avait pas l’expérience de le faire.

Suite à cela, nous nous sommes retrouvés en tant qu’équipe pour analyser la situation avec l’outil "réseau d'influence" et nous nous sommes demandé : Qu’est-ce qui manque ? Est-ce qu'on a suivi toutes les étapes ?

Nous avions à faire à une autorité qui ne voulait pas nous donner l'accès, donc il fallait la contourner et parler avec son supérieur. Mais comment faire ?

Heureusement, il y avait quelqu'un dans notre équipe qui connaissait un proche du supérieur. Il fallait qu'on passe par là avant de pouvoir commencer !

Quand notre contact a communiqué avec le supérieur, dès la semaine d'après, on a eu le rendez-vous avec lui. Je me suis dit : "Wow, c'est vraiment important le réseau d'influence !". J'étais vraiment très contente ce jour-là.

En résumé, les outils de négociation conçus par le CCHN sont quelque chose qu’on fait de manière intuitive quand on se prépare pour parler avec un interlocuteur, mais en le faisant de manière systématique, cela aide à débloquer les négociations difficiles.

Brigitte écrit sur un tableau.

Comment gères-tu la pression lors des négociations difficiles ?

Avant, quand j'étais stressée, je ne faisais que dormir. Tout a changé après avoir participé à l’atelier sur la gestion de la pression.

J’ai appris à utiliser ma respiration. Respirer, prendre l’air permet de se relaxer et revenir à soi-même. Quand on est stressés, une partie du cerveau pense que c’est déjà fini, qu’on va mourir.

J’ai appris à utiliser des techniques de respiration pour canaliser mon énergie, ce qui aide à faire passer la sensation de stress ou angoisse.

Et, quand les choses ne marchent vraiment pas, j’appelle mon mentor. Cela me rassure de savoir que quelqu'un m’écoute, même s'il n’a pas de solution. Je me sens moins seule.

Le monde humanitaire est très masculin. Souvent, on croit que les femmes ne devraient pas aller sur le terrain parce que c’est trop dangereux. Dans ton travail, est-ce que tu as déjà été confrontée à des obstacles similaires ?

Oui, cela m’est déjà arrivé…

Certaines personnes, quand elles me voient au premier abord, ne pensent pas que je suis capable de faire mon travail. Certains interlocuteurs, surtout au début quand ils ne me connaissent pas, pensent que je n’ai rien à faire aux négociations. Mais souvent, quand j’interviens lors de nos rencontres, ils se rendent compte que je ne suis pas ce à quoi ils s'attendaient. Donc ils me jugent par ce qu’ils voient et ils n’attendant pas de voir le fond de la chose.

En plus, quand tu es de petite taille, comme moi, on pense que tu es plus enfant et tu n'as pas une certaine capacité.

Au début, c'était frustrant, mais à la longue, j'ai compris que je suis une professionnelle de l'humanitaire, que je travaille pour aider les gens et que je ne suis pas là pour les autres qui me rabaissent.

Aurais-tu un dernier mot pour ceux qui ne connaissent pas encore la communauté du CCHN ?

Si j'avais un conseil à donner, je dirais aux humanitaires que cela vaut le coup de faire partie de la communauté du CCHN. Il suffit de participer à un atelier (gratuit) sur négociation humanitaire! Pour moi, ce réseau est devenu une famille qui m'encourage et qui me permet d'améliorer mes compétences en tant que négociatrice humanitaire. J’encourage surtout les femmes à s’engager dans la communauté et montrer que même en tant que femme on peut aussi aller au front de la négociation et réussir aussi à s’intégrer.

Brigitte participe au Sommet Mondial du CCHN sur la négociation humanitaire 2022.

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