L'accès aux personnes en situation de crise dépend souvent de la capacité du personnel humanitaire à négocier.
Pourtant, il n'y a que peu d'occasions de développer ses capacités de négociation dans le secteur ; la nature confidentielle des négociations humanitaires rend difficile l'apprentissage à partir de l'expérience et des perspectives d'autrui.
C'est pourquoi de plus en plus d'humanitaires aident leurs collègues à développer leur compétences de négociation.
Au CCHN, nous avons créé un réseau mondial de professionnel·le·s de l'humanitaire qui se réunissent pour améliorer leur expertise en matière de négociation en partageant leurs expériences dans ce domaine.
Au cours de l'année écoulée, les professionnel·le·s de l'humanitaire qui font partie de la communauté du CCHN ont soutenu leurs collègues en se rendant dans des régions reculées pour animer des ateliers de négociation, en faisant tomber les barrières linguistiques, en apprenant à négocier sous une pression extrême et en adaptant les outils de négociation aux réalités du terrain.
Jette un coup d'œil aux efforts de notre communauté dans nos régions de travail.
Asie - Traduction du matériel pédagogique en birman
Après avoir participé à un atelier du CCHN en anglais, Naw May Khin Thet a voulu apporter cette nouvelle méthodologie de négociation au personnel de terrain travaillant dans des zones difficiles d'accès au Myanmar.
Mais elle devait d'abord traduire le matériel pédagogique du CCHN en birman.
Pour ce faire, Naw May a rallié des humanitaires parlant le birman qui avaient déjà participé à un atelier du CCHN, dont Min Lwin Oo.
Tout d'abord, ils se sont attaqués à un glossaire et se sont mis d'accord sur leurs traductions. Ensuite, ils ont travaillé de manière indépendante pour traduire le matériel pédagogique
"Aujourd'hui, la plupart des organisations qui fournissent une aide humanitaire au Myanmar sont des organisations de la société civile et des organisations communautaires", a déclaré Min Lwin Oo. "Il s'agit de ressortissant·e·s du Myanmar qui ne parlent pas l'anglais et qui bénéficieraient grandement d'un renforcement de leur compétences de négociation."
Grâce à leur travail collectif, les membres de la communauté du CCHN peuvent désormais utiliser une série complète de présentations PowerPoint en birman pour organiser des ateliers de négociation à l'intention de leurs collègues travaillant sur le terrain.
"Pour moi, traduire le matériel didactique du CCHN en birman est le meilleur moyen de soutenir le personnel de terrain ; cela permet aux humanitaires de comprendre en profondeur les outils de négociation et de les appliquer dans leurs communautés", a expliqué Naw May.
Si tu es membre de la communauté du CCHN et que tu souhaites utiliser le matériel pédagogique traduit, n'hésite pas à nous contacter.
Afrique - Proposer des ateliers de négociation aux humanitaires dans les zones difficiles d'accès
Olivier Eyenga est passionné par le fait de rendre la méthodologie du CCHN accessible au plus grand nombre d'humanitaires.
En 2022, il a organisé de manière indépendante huit ateliers de négociation au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, au Mali et au Niger. "En trois semaines, je me suis rendu dans quatre régions difficiles d'accès pour animer des ateliers de négociation", explique Olivier.
Pour lui, il est essentiel de développer les compétences de négociation des humanitaires dans les endroits reculés afin d'aider et de protéger les personnes en situation de crise.
"De nombreuses personnes sont déployées dans des situations d'urgence sans avoir nécessairement reçu de formation à la négociation", a déclaré Olivier. "Plus nous constituerons une masse critique de personnes sachant utiliser les outils de négociation du CCHN, plus notre réponse sera efficace."
Europe - Un atelier sur mesure pour les familles à la recherche de leurs proches disparus
Chercher un membre de la famille disparu, perdre le contact avec lui et ne pas savoir s'il est vivant ou mort est émotionnellement insoutenable.
Dans le cadre de leurs recherches, les familles s'adressent aux autorités de leur pays, mais il n'est pas toujours facile d'avoir ce genre de conversation.
Souvent, les interactions sont chargées d'émotion et se déroulent dans une atmosphère de méfiance et d'incompréhension. Pour les familles, l'expérience peut être frustrante et difficile à accepter.
Après avoir mené des entretiens avec les familles de personnes disparues, le CCHN et l'Agence centrale de recherches, une institution du Comité international de la Croix-Rouge, ont conçu un atelier sur mesure pour les soutenir dans ces conversations.
L'atelier leur a permis d'apprendre à tirer parti de leur réseau, à se préparer à une première rencontre, à établir la confiance et à communiquer efficacement lors des rencontres avec les autorités.
Les familles ont qualifié l'expérience de "révélatrice" et "inspirante".
À l'avenir, l'Agence centrale de recherches et le CCHN continueront à soutenir les familles de personnes disparues en les aidant à organiser des ateliers similaires pour d'autres familles.
Amérique latine et Caraïbes - Une retraite d'une semaine pour apprendre à gérer la pression
Ne pas gérer la pression peut conduire à une mauvaise prise de décisions, à une prise de risque inutile et à l'épuisement professionnel.
En effet, il est essentiel de savoir comment prendre soin de son bien-être tout en menant des négociations à fort enjeu pour garantir la sécurité et l'accès aux personnes touchées par une crise.
Les membres de la communauté basés en Amérique latine ont reconnu ce besoin et ont organisé une retraite d'une semaine en Colombie pour renforcer leurs compétences en matière de gestion de la pression.
Pendant la retraite, les participant·e·s ont appris des outils et des méthodes pratiques pour devenir plus résilients, mais aussi pour animer des sessions similaires de manière autonome pour leurs collègues. Par exemple, l'un des participants organise désormais des chats virtuels mensuels avec d'autres humanitaires travaillant dans la région sur des sujets liés à négociation humanitaire, mais aussi à la résilience et au soutien entre collègues.
"Le fait d'être capable d'identifier mes besoins et mes forces, et de développer une conscience interne m'a permis de mieux comprendre comment je peux appliquer ces techniques dans les moments de tension", a expliqué une participante.
Moyen-Orient et Afrique du Nord - Ateliers de négociation transfrontaliers
L'accès au nord-ouest de la Syrie reste extrêmement difficile. Le personnel de terrain travaillant dans la région a peu de possibilités de traverser la frontière turque pour participer à des activités de développement professionnel.
Pour surmonter cette limitation, les membres de la communauté CCHN ont été formés à la facilitation d'ateliers de négociation avec peu ou pas de soutien de la part du personnel du CCHN. Par la suite, ils ont organisé indépendamment quatre ateliers de négociation en personne à Azas et Idleb, en Syrie.
"Je suis fier d'avoir donné aux personnes qui négocient dans le nord-ouest de la Syrie l'occasion de se rencontrer et de partager leurs connaissances avec l'ensemble de la communauté humanitaire", a déclaré Muhammed, l'un des organisateurs de l'atelier. "Les professionnel·le·s de l'humanitaire travaillant dans la région ont vraiment besoin de ce soutien".
Tu souhaites faire partie de cette communauté ?
Si tu es un·e professionnel·le de l'humanitaire et que tu as plus de trois ans d'expérience sur le terrain, ne manque pas cette opportunité.
Participe à l'un de nos prochains ateliers de négociation (gratuits !) pour accéder à la communauté du CCHN ou consulte notre catalogue pour découvrir d'autres possibilités d'apprentissage pour toi et ton équipe.